L’affacturage levier de croissance pour les entreprises du BTP
Le système de l'affacturage connait un regain d'intérêt dans le secteur du BTP. Olivier Burdeyron, directeur d'e-affacturage répond aux questions du Moniteur, Magazine des entrepreneurs sur les possibilités d'application de l'affacturage à ce secteur.
Est il judicieux de recourir à l'affacturage dans la période de crise actuelle ?
Le recours à l'affacturage est particulièrement recommandé à 3 moments clés de la vie d'une entreprise :
en création
, lorsque les banques ont tendance à prêter peu, voire pas du tout;
en période de forte croissance
, au cours de laquelle les banques accordent des lignes plafonnées, et n'accompagnent donc que très partiellement les sociétés; et enfin lorsque l'entreprise connait un passage à vide, comme ce peut être le cas aujourd'hui; car à la sortie du bilan, les banques suppriment ou réduisent les lignes, et l'entreprise doit trouver des financements ailleurs.
L'affacturage apparaît alors comme un bon moyen de répondre à un besoin de
trésorerie
, de renforcer son
fonds de roulement
.
Les PME de BTP ont-elles une grande pratique de l'affacturage ?
Le BTP recourt de plus en plus à cette technique, surtout les petites entreprises de sous-traitance, qui sont souvent payées à des échéances longues. Avant, les banques les accompagnaient, mais elles le font de moins en moins.
Le second oeuvre est très utilisateur de solutions d'affacturage, sur de petits chantiers de quelques mois.
Les factors semblent toutefois réticents à financer les PME du secteur. Pourquoi ?
Parce que les factors veulent financer des
créances liquides, certaines et exigibles
. Or, le BTP fonctionne beaucoup par situation de travaux, ce qui peut rendre le recouvrement très difficile en cas de contestation de factures; ce rejet est tout simplement lié au risque.
Mais pour nous, le secteur est tout à fait factorable; régulièrement, des factors acceptent de financer des créances sur des chantiers courts (moins de 6 mois), avec des situations quantifiables.»
L’affacturage et le gros œuvre du bâtiment
Dans le bâtiment certaines activités sont plus facilement factorables que d’autres.
Le gros œuvre ou travaux de structure
Le gros oeuvre qui va être réalisé directement par les gros groupes de BTP ne va pas être tellement demandeur d’affacturage car ces travaux sont réalisés par des sociétés du BTP qui ont généralement des lignes de financement auprès de leurs banques partenaires. Ces lignes d’
escompte
ou de
dailly
suffisent généralement à financer le besoin en fonds de roulements de ces gros groupes.
Les sous-traitants
En revanche les sous-traitants qui vont intervenir sur le chantier sont demandeurs d’affacturage.
Les sous-traitants sont ceux qui réalisent tous les travaux de type, démolition, travaux de terrassement, ferraillage, préparation et coulage de dalle.
Ils ont besoin de financer les délais de paiement qu’ils vont avoir entre l’émission de leur facture de chantier et le règlement du groupe de BTP.
La
sous-traitance
représente un risque particulier en affacturage que seuls certains factors acceptent de gérer.
L'affacturage et le 2nd oeuvre du batiment
Le 2nd oeuvre
Les entreprises du second œuvre du bâtiment sont très utilisatrices de solutions d’affacturage.
Les entreprises qui font la pose de placo, la pose de carrelage, les peintures, les plâtres, la plomberie, la pose des huisseries portes et fenêtres, l’électricité, utilisent fortement et régulièrement les techniques d’affacturage.
Leurs activités sont éligibles car elles sont segmentables et quantifiables par lots, ce qui rassure la société d’affacturage.
Les risques
Le risque dans ces activités, c’est que sur des chantiers longs comprenant des
situations de travaux
mensuelles le factor perde le contrôle du recouvrement si des contestations de factures ou des litiges sur les travaux sont soulevés par la suite. Dans un tel cas l’ensemble de la facturation, incluant celle déjà financée par le factor, peut être remise en question.
Pourtant dans les activités du second œuvre les délais de réalisation sont généralement courts, de quelques semaines à quelques mois.
Les travaux sont également segmentables par tranche d’avancement, étages, lots, nombre de pièces, fenêtres, bâtiments, etc…
Comme les travaux sont courts, s’ils sont terminés à la fin du mois, la facture émise correspond à l’ensemble du chantier commandé et à une prestation bien terminée.
Si le chantier est plus long et dure plusieurs mois la
facture intermédiaire
mensuelle doit correspondre de préférence à une prestation quantifiable et non à un pourcentage.
Les situations de travaux
Une des particularités de la facturation dans les métiers du bâtiment est la facturation intermédiaire sur situation de travaux. Comme les chantiers peuvent durer plusieurs mois les entreprises facturent chaque fin de mois en fonction de l’avancement des travaux.
Quand les situations sont exprimées en pourcentage sur la facture
, l’affacturage est possible mais sous certaines conditions : Conditions de volume de chiffre d’affaires, d’historique comptable et de notation BDF de l’entreprise. Si ces conditions sont remplies les factures seront finançables par l’affacturage.
Si les situations intermédiaires correspondent à des montants quantifiables par lots de prestations réalisées
, les factures sont factorables même pour les entreprises de petites tailles (de la TPE à la PME), en création ou de création récente, avec une note BDF moins bonne. Car comme la facture correspond à une quantité et non à un pourcentage, il est plus facile de préciser la valeur de la facture et l’acceptation du client par signature et cachet de l’architecte ou du maître d’œuvre.
Les justificatifs dans le BTP
Le seuil de créance
Pour les entreprises qui travaillent sur des chantiers et pour lesquelles il n’est pas toujours aisé de récupérer les
justificatifs
des travaux rapidement, les factors adoptent le système d’un seuil de créances au-dessous desquelles les justificatifs des travaux n’ont pas à être joints aux factures pour financement.
Des justificatifs à tenir à disposition
Ces justificatifs doivent, en revanche, être tenus à la disposition du factor s’il en fait la demande.
Les seuils des créances sont variables et négociables, cela peut être 10 000 euros, 15 000 ou 20 000 euros suivant les accords entre l’entreprise cédante et le factor.
Le financement de commande
Extension du contrat d'affacturage
Il est possible chez certains factors d'ouvrir une ligne de financement permettant de régler ses achats de marchandises avant le démarrage d'un chantier.
BTP : utiliser ou pas l'affacturage ?
Face au casse-tête de la gestion du compte clients, l'affacturage est présenté comme une solution pour les TPE du batiment.
Pourquoi choisir l'affacturage ? Dans cet extrait d'article de presse de "L'entrepreneur" quelques avis :
- Un entrepreneur témoigne : Pour obtenir une souplesse de trésorerie rapidement.
- e-affacturage témoigne : Les établissements de crédits bancaires se sont progressivement retirés du crédit court terme. Il est important de disposer d'une autre source de financement.
- Un factor témoigne : Avec l'assurance crédit nous apprenons aux entreprises à être vigilantes sur la qualité de leurs clients.
BTP : Témoignages
L'affacturage nous a permis de consolider notre trésorerie
"Notre banque nous a suggéré de nous tourner vers une société d'affacturage pour être réglés plus rapidement que les soixante jours din de mois. Tous nos clients ont été prévenus par un courrier, mais ce système leur était déjà familier. A réception de la facture, le client signe un bon pour accord, nous l'envoie par fax et nous le transmettons au factor qui, dans les 48 heures, nous verse 80 % du montant de la facture. le solde est versé à échéance une fois que le client envoie sa traite au factor."
Sans l'affacturage je n'avais aucune autre solution
"J'ai opté pour l'affacturage quand mon banuier a refusé, sans explication, de m'accorder une créance Dailly alors que mes clients sont solides. Peut-être a t'il eu peur de la croissance rapide qui a caractérisé mon entreprise. J'arrivais à un stade de développement de l'entreprise où j'avais beaucoup d'argent à l'extérieur et une trésorerie insuffisante en raison de délais de paiement rallongés..."
Autoliquidation de la TVA dans le BTP
Depuis le 1er janvier 2014, la règle du paiement de la TVA pour les sous-traitants du BTP a changé. Les sous-traitants ne facturent plus de TVA au donneur d’ordre, car c’est ce dernier qui déclare et règle la TVA due au Trésor Public.
Quelles sont les conséquences financières ?
Conséquences sur les contrats d'affacturage des sous-traitants
Les sous-traitants qui ne facturent plus la TVA de 20% (ou 5.5% ou 10%) à leur client, ne peuvent plus en obtenir le financement par l’affacturage.
Auparavant, la remise de
créances
était financée en TTC, ce qui apportait un surplus de financement au sous-traitant, qui était en débit de TVA.
Pour retrouver un même montant de financement, le sous-traitant devra remettre au factor un montant plus important de factures ou une plus grande part de clients s’il en a la possibilité.
Les conséquences pour les factors
Pour les
factors
, cette exclusion de TVA des factures remises, réduit les financements accordés aux entreprises du BTP de l’ordre du montant de la TVA, soit de 5.5% à 20%.
Cela revient, pour le factor, à financer du HT comme il le fait déjà pour les opérations d’export. C’est un manque à gagner en termes de montant de créances à financer.
Le financement de la TVA était un moyen de financer le
fonds de roulement
des sous-traitants du BTP. Maintenant que cette possibilité est réduite, les entreprises seront poussées à céder plus de chiffre d’affaires qu’auparavant pour retrouver le même niveau de financement.